Combien de fois me suis-je perdu dans le flanc de ces montagnes parfois si hautes, parfois si vastes qui finissent si naturellement en plaines vagabondes ? Combien de fois me suis-je plongé dans la douce mer aux sons des cigales nichées dans le secret des criques impénétrables ? Vous parlerai je de cet océan féroce le long de sa dune qui porte encore la triste signature de mon pays avec ces blockhaus immuables ? Tant de fois au risque de ma vie je passerai la barre de vagues qui cache aux non-initiés le grand large ouvert sur d’autres horizons. Et les lacs, les si beaux lacs, les bleus, les blancs, les noirs, ceux qui se glissent nonchalamment dans le vert des glaciers, d’autres, vestiges de l’ancien volcan, d’autres encore plus discrets qui accueillirent mes premières nages et, les indéfinissables qui permettent à tous ceux d’entre nous de dépeindre comme bon nous semble ces masses imposantes. Nous avons les mots, les couleurs, les sons pour leur donner un peu de notre nom. Ah ! j’oubliais les plateaux ! Immenses plateaux suspendus au ciel dont certains par leur isolement rappellent ces déserts lointains qui offrent à celui qui sait les affronter la possibilité de ne plus penser
extrait de Moi, soldat du IIIème Reich auteur Isabelle Barbat
crédit photo Isabelle Barbat